Histoire de l’enquête

En France, l’histoire des enquêtes statistiques nationales sur l’intégration et la discrimination est plutôt courte. L’enquête Mobilité Géographique et  Insertion Sociale (MGIS), conduite par l’INED avec le soutien de l’INSEE, a été la première du genre en 1992. D’autres enquêtes ont abordé des thèmes proches ou des populations immigrées, mais aucune n’a réuni simultanément les problématiques d’intégration et de discrimination en s’adressant aux populations immigrées ou descendantes d’immigrés. [Voir: Analyse de l’existant au moment de l’enquête.]

Depuis lors, le débat public n’a cessé de s’amplifier sur les questions d’immigration, d’intégration et de discrimination. Mais il souffre de l’absence de données nationales fiables et actualisées, permettant d’analyser les processus d’intégration économique, sociale et citoyenne des personnes immigrées ou des personnes appartenant à des minorités visibles.

 

L’enquête TeO vise à satisfaire ce besoin d’information exprimé par les pouvoirs publics et la société civile. Elle résulte d’un long travail de préparation par une équipe de chercheurs indépendants appartenant à des institutions variées.

 

 

De la "commande" publique...

Les pouvoirs publics ont à plusieurs reprises exprimé le besoin d’une nouvelle enquête statistique, portant sur les populations immigrées et leurs descendants.

Dès 1999, le Haut Conseil à l’Intégration (HCI) invitait l’INED et l’INSEE à rééditer l’enquête Mobilité Géographique et Insertion Sociale (1992) qui portait sur les immigrés et les enfants d’immigrés, en tirant parti de l’Enquête Histoire Familiale associée au recensement de 1999, qui pouvait servir de base de sondage. L’enquête Histoire de vie - Construction des identités (INSEE et al. 2003) a constitué une première réponse à cette demande, mais en s’intéressant davantage aux différentes appartenances dans lesquelles se reconnaissent les personnes. La thématique de l’intégration sociale avait en outre été élargie à l’ensemble de la population.

Le 3 décembre 2003, à l’occasion de l’anniversaire de la « Marche pour l’égalité » (dite « Marche des Beurs »), le Premier Ministre affirmait la nécessité d’améliorer la connaissance des populations immigrées et de leurs descendants : « Pour nous permettre de bien comprendre les réussites et les échecs, nous manquons d’éléments quantitatifs : nous avons besoin d’une grande enquête statistique et sociologique sur la question de l’intégration et des inégalités, parce qu’il n’y a rien de complet aujourd’hui».

La Cour des comptes, de son côté, dans son rapport public sur « L’accueil des immigrants et l’intégration des populations issues de l’immigration » (novembre 2004, p. 148), tient pour acquise la volonté de l’INSEE, de l’INED de coopérer à une nouvelle enquête sur le sujet.

Régulièrement, à l’occasion des séances du Conseil scientifique et du Conseil d’administration de l’INED, la DREES (direction de la recherche, de l’évaluation et des études statistiques au ministère de la Santé et des affaires sociales) avait manifesté son intérêt pour une enquête élargie sur les questions d’intégration et de discrimination.

à la réponse des chercheurs

L’INED a développé depuis de nombreuses années une expertise sur les questions d’intégration et plus récemment sur les discriminations. La communauté scientifique attend de longue date la réalisation de grandes enquêtes susceptibles d’apporter de nouvelles données sur la situation des populations immigrées et descendantes d’immigrés.

C’est donc dans un contexte de demandes répétées de connaissances que les chercheurs de l’INED ont proposé fin 2004 un projet de recherche intitulé "Trajectoires et Origines" [Voir: Projet phare TeO]. Ils précisaient les problématiques d’une grande enquête nationale, portant sur les thèmes de l’intégration et des discriminations, et des liens entre ces trajectoires et/ou expériences et les origines des immigrés et de leurs enfants.

De son côté, l’INSEE travaillait également sur une réplique actualisée à l’enquête MGIS. Les deux institutions ont conjugué leurs initiatives. La première difficulté tenait à la méthode d’échantillonnage permettant de construire une enquête représentative. Une méthode innovante d’échantillonnage a été conçue par l’INSEE en juin 2005.

En mars 2006, un groupe de travail a été constitué pour concevoir le questionnaire de l’enquête. Le groupe de travail a d’abord établi une recension des travaux existant en France et à l’étranger [Voir: Analyse de l’existant au moment de l’enquête], de leurs apports, de leurs limites avant de traduire la problématique de recherche en un questionnement adapté à la conduite d’une enquête statistique.